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Art contemporain et déficience visuelle
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    • Avec le soutien de la DRAC de Midi-Pyrénées
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    Comment aborder l'art contemporain avec des personnes non-voyantes ou malvoyantes ?

    Inventer des médiations pour que les personnes déficientes visuelles partent à la rencontre de l'art contemporain : un défi à relever…

    Dans le secteur culturel, le public en situation de handicap visuel se trouve trop souvent en marge, les aménagements sont parfois complexes à imaginer, les médiateurs peu sensibilisés, les liens avec les professionnels de la déficience visuelle peu développés. Pourtant, il va sans dire que la culture est l'affaire de tous.

    Le LMAC-MP (Laboratoire des médiations en art contemporain de Midi-Pyrénées) s'est associé au CESDV-Institut des Jeunes Aveugles de Toulouse pour mettre en place une formation conjointe, alliant art contemporain et sensibilisation à la déficience visuelle. Elle vise à imaginer des médiations pour que les personnes déficientes visuelles puissent aller le plus aisément possible à la rencontre d'œuvres d'art contemporain, quels qu'en soient les mediums.

    Qu'il s'agisse d'œuvres monumentales, d'œuvres aux dimensions plus restreintes, de peinture, de vidéo, de photos ou d'installations, la vision est la modalité sensorielle la plus sollicitée. Aussi, la façon dont sera traité ce que seule la vision perçoit devient une question à part entière. Et c'est tout notre rapport au visuel et à la manière dont l'image règne en maître autour de nous qui se trouve interrogé.

    La prolongation d'une histoire

    Ce travail fait écho à plusieurs projets menés en partenariat ces dernières années entre le CESDV-Institut des Jeunes Aveugles de Toulouse et différentes structures culturelles de Haute-Garonne : la Fondation espace écureuil pour l'art contemporain à Toulouse, la Maison Salvan à Labège ou le Musée d'art moderne et contemporain les Abattoirs, à Toulouse.

    Les personnes déficientes visuelles ayant participé à ces expériences en témoignent : la collaboration et la complémentarité entre professionnels de l'art contemporain et professionnels de la déficience visuelle est une nécessité afin de mener à terme des projets de bonne qualité.

    Comment faire comprendre à un aveugle le caractère monumental de Giant figure, sculpture de Thomas Houseago ? Comment rendre compte de l'incroyable impression que les dessins de Kate Atkin créent en nous ? Comment partager la plongée dans l'univers aquatique de Jun Nguyen Hatsuchiba ?

    Lorsqu'une personne déficiente visuelle appréhende une œuvre, seule une part de cette œuvre peut être perçue directement si l'ouïe, le toucher ou l'odorat sont sollicités. La partie visuelle est tronquée. Comment utilise-t-on la partie perçue ? Que devient la partie non perceptible ? Doit-on la retranscrire par d'autres moyens ?

    Les enjeux 

    L'objectif de ce projet est de réfléchir, entre professionnels de domaines distincts mais complémentaires, sur l'accessibilité d'événements artistiques en direction des publics malvoyants et non voyants. Il s'agit de permettre aux intéressés d'organiser des événements culturels adaptés, de concevoir des outils de médiation orientés, d'aborder les expositions avec un bagage culturel conséquent, tant dans le domaine de l'art que dans celui de la déficience visuelle.

    Pour approfondir cette question, plusieurs aspects sont abordés :

    - une sensibilisation à la déficience visuelle concernant les questions intrinsèques à ce handicap sensoriel
    - une sensibilisation à l'art contemporain et à ses problématiques
    - un croisement de ces deux entrées

    Approches théoriques et ateliers de pratique (avec comme principe celui d'un travail empirique de recherche par groupe, type « laboratoire ») sont développés tout au long de la formation.

    La démarche 

    Nous nous sommes donnés des principes de travail répondant à nos exigences culturelles : travail en réseau, travail coopératif et travail empirique.
    Nous avons tenu à associer des personnes déficientes visuelles à nos échanges tout au long de ce projet. Les témoignages des personnes malvoyantes et non-voyantes sont indispensables à la construction de cette réflexion autour de l'accès à l'art contemporain.

    Un travail nomade et pluridisciplinaire

    La première rencontre a eu lieu au CESDV-Institut des Jeunes Aveugles, pour permettre à chacun d'expérimenter des situations de déficience visuelle et mieux comprendre la réalité des personnes vivant avec ce handicap.

    De la même manière, toute l'équipe a souhaité se déplacer dans les centres d'art de la région Midi-Pyrénées membres du réseau LMAC-MP pour travailler au sein même des expositions. Chaque journée de travail - soit au total six, réparties de janvier à juin 2014 – s'est déroulée dans un lieu d'exposition différent, et s'est organisée autour d'une problématique articulant déficience visuelle et art contemporain. Chaque problématique était différente, en fonction des contenus artistiques des expositions en cours, des médiums, du contexte culturel et géographique des lieux, de l'accessibilité.

    Des professionnels appartenant à divers corps de métiers du CESDV-Institut des Jeunes Aveugles étaient présents tout au long de la formation : instructeur de locomotion, orthoptiste, psychomotricien, animateur socioculturel, enseignant spécialisé, éducateur spécialisé, transcripteur, afin de mettre en relation la variété des regards et techniques qui, tous réunis, permettent de considérer la personne déficiente visuelle dans son ensemble.

    Le CESDV-Institut des Jeunes Aveugles et le LMAC se sont entourés de professionnels, vidéaste, script, webmaster, graphiste, qui ont suivi ce projet, offrant, outre leurs compétences techniques, un regard éditorial précieux.

    Des pistes de réflexions modélisables

    Ce dispositif, construit à partir de situations concrètes, a permis de mieux imaginer des actions de médiation exploitables pour les expositions en cours. Il a également permis de réfléchir à des transpositions pour des expositions à venir, l'objectif de cette formation étant de développer des habitudes et des finesses d'analyse pour travailler ensemble sur le long terme.

    Ainsi, nous avons tenté d'extraire de chaque domaine de réflexion des pistes modélisables afin que ces propositions de médiations soient transposables en d'autres lieux et circonstances, pour d'autres œuvres. Même si pour chaque œuvre ou ensemble d'œuvres, des aménagements spécifiques et une réflexion adaptée seront toujours nécessaires.

    Une édition numérique : le site internet

    Ce site est un outil de travail pour toute personne intéressée par la question de l'accès à l'art contemporain pour le public déficient visuel.
    Cette édition numérique a été pensée dés la conception de la formation. Le travail empirique mené dans le cadre des ateliers au fil des problématiques est restitué, illustré d'images et de vidéos, témoins vivants des questionnements. Des documents plus théoriques permettant d'approfondir chaque thématique y sont associés.

    Miroir de la singularité de ce projet associant plus de 20 personnes aux profils différents, le site à été rédigé par différents participants rendant ainsi compte de la richesse d'un travail coopératif.

    Construit par thématiques, ce site propose des pistes de travail afin d'appréhender, de manière globale ou ciblée, théorique ou vivante, les multiples liens que l'on peut tisser pour faire découvrir l'art contemporain à des personnes non-voyantes ou malvoyantes.

    Une invitation au voyage

    Ce que vous allez découvrir d'une page à l'autre, ce ne sont pas forcément des propositions à suivre au pied de la lettre, mais des pistes de travail, pas forcément des techniques – il n'est en la matière aucune règle ni recette – mais une réflexion au service de l'art, en toute conscience de la complexité de ce qu'est la déficience visuelle. C'est également un témoignage de notre cheminement… vous invitant au vôtre, à mettre vos propositions à l'épreuve des faits, au fur et à mesure de l'expérimentation auprès du public mal ou non-voyant.

    Cette formation rentre dans le cadre de l'application de la loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées.
    Ce projet mené par le LMAC de Midi-Pyrénées et le CESDV-Institut des Jeunes Aveugles est soutenu par la Direction Régionale des Affaires Culturelles Midi-Pyrénées en particulier pour la réalisation de cette édition numérique.

    Des perspectives ouvertes

    Afin de mettre en partage ces expérimentations et d'échanger avec d'autres professionnels de la déficience visuelle et de l'art sur ces approches, des journées professionnellessont prévues les 9 et 10 mars 2015 à Toulouse.

    Et retrouvez aussi tous les rendez-vous culturels liés à la déficience visuelle, en région Midi-Pyrénées, comme ailleurs en France, dans la rubrique "AGENDA" du site.