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Art contemporain et déficience visuelle
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    • Avec le soutien de la DRAC de Midi-Pyrénées
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    Multi-sensoriel
    Problématiques 

    Majoritairement visuelles et intouchables, les œuvres exposées dans Etrange nature ne peuvent guère provoquer une expérience sensible directement perceptible par des aveugles ou des déficients visuels. Pourtant, l'expérience multi-sensorielle est constamment sollicitée, d'une œuvre à l'autre. Quand bien même elle le serait de façon artificielle, à travers des artefacts.

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    Majoritairement visuelles, les œuvres exposées dans Etrange nature et présentées au Pavillon blanc, centre d'art à Colomiers, questionnent le type de médiation qui peut être mise en place pour provoquer une expérience sensible,  directement perceptible par des personnes aveugles ou des malvoyantes. L'exposition offre une expérience multi-sensorielle, tant les œuvres proposées sont riches et permettent à notre imaginaire de tisser des liens avec des odeurs, des sensations tactiles, des couleurs.

    Dans Etrange nature, on ne touche pas, on ne sent pas, on entend très peu, mais ce qu'on voit fait appel à des expériences où ces sens sont particulièrement sollicités. Les immenses dessins de racines de Kate Akins, classifiés à la manière des botanistes, évoquent la rugosité tactile. Les sculptures Micro-monde et Macro-mousse ( 2013) d'Emilie Benoist évoquent des mondes où une nature en partie artificielle reprend le pas sur l'homme et convoque l'odorat et le toucher. La cavité de l'installation Géochronie (2014) de Cécile Beau intrigue l'ouïe, la vidéo Présage (2013) d'Hicham Berrada projette l'alchimie qui donne naissance à un monde qui explose de couleurs. Les œuvres exposées sollicitent toutes sur le registre du transfert d'une modalité sensorielle à une autre. 

    Même si seul un sens est sollicité directement, les autres sont présents, associés à ce que le sens prévalent donne à percevoir : voir un objet rugueux évoque invariablement le toucher rugueux sous les doigts, même si on ne touche pas l'objet. Inversement, toucher un objet rugueux sans le voir peut provoquer en nous une image de tronc d'arbre, de papier de verre, de mur crépi (etc), en fonction des expériences singulières de chacun. La rugosité a été reconnue et associée à des expériences sensorielles autres parce que la pensée a relié entre elles la vision et le toucher, comme deux aspects d'une même propriété.

    Cette dimension particulière du rapport sensoriel au monde, cette habitude du cerveau humain à lier entre elles les modalités sensorielles, ce qu'on appelle le transfert intermodal, est une piste de travail auprès des déficients visuels et autorise l'usage du basculement d'un sens à l'autre pour l'invention de médiations. Ce que la vue perçoit et révèle des propriétés des objets représentés pourra être figuré par un son, par une chose à toucher, à sentir, voire à goûter.

    Par ailleurs, d'une œuvre à l'autre, naturel et artificiel tissent ensemble des rapports étroits ; comment retranscrire ces liens et les fortes tensions qu'ils entretiennent entre eux ?

    Majoritairement visuelles, les œuvres exposées dans Etrange nature et présentées au Pavillon blanc, centre d'art à Colomiers, questionnent le type de médiation qui peut être mise en place pour provoquer une expérience sensible,  directement perceptible par des personnes aveugles ou des malvoyantes. L'exposition offre une expérience multi-sensorielle, tant les œuvres proposées sont riches et permettent à notre imaginaire de tisser des liens avec des odeurs, des sensations tactiles, des couleurs.

    Dans Etrange nature, on ne touche pas, on ne sent pas, on entend très peu, mais ce qu'on voit fait appel à des expériences où ces sens sont particulièrement sollicités. Les immenses dessins de racines de Kate Akins, classifiés à la manière des botanistes, évoquent la rugosité tactile. Les sculptures Micro-monde et Macro-mousse ( 2013) d'Emilie Benoist évoquent des mondes où une nature en partie artificielle reprend le pas sur l'homme et convoque l'odorat et le toucher. La cavité de l'installation Géochronie (2014) de Cécile Beau intrigue l'ouïe, la vidéo Présage (2013) d'Hicham Berrada projette l'alchimie qui donne naissance à un monde qui explose de couleurs. Les œuvres exposées sollicitent toutes sur le registre du transfert d'une modalité sensorielle à une autre. 

    Même si seul un sens est sollicité directement, les autres sont présents, associés à ce que le sens prévalent donne à percevoir : voir un objet rugueux évoque invariablement le toucher rugueux sous les doigts, même si on ne touche pas l'objet. Inversement, toucher un objet rugueux sans le voir peut provoquer en nous une image de tronc d'arbre, de papier de verre, de mur crépi (etc), en fonction des expériences singulières de chacun. La rugosité a été reconnue et associée à des expériences sensorielles autres parce que la pensée a relié entre elles la vision et le toucher, comme deux aspects d'une même propriété.

    Cette dimension particulière du rapport sensoriel au monde, cette habitude du cerveau humain à lier entre elles les modalités sensorielles, ce qu'on appelle le transfert intermodal, est une piste de travail auprès des déficients visuels et autorise l'usage du basculement d'un sens à l'autre pour l'invention de médiations. Ce que la vue perçoit et révèle des propriétés des objets représentés pourra être figuré par un son, par une chose à toucher, à sentir, voire à goûter.

    Par ailleurs, d'une œuvre à l'autre, naturel et artificiel tissent ensemble des rapports étroits ; comment retranscrire ces liens et les fortes tensions qu'ils entretiennent entre eux ?

    - De quelle façon peut-on mettre en jeu la variété d'expériences sensorielles pour aborder une oeuvre ou une exposition ?
    - Comment les correspondances d'une modalité sensorielle à une autre peuvent-elles offrir des pistes de médiations pour les déficients visuels ?
    - Comment la sollicitation d'un autre sens que la vision peut-elle entrer en correspondance avec ce que le visuel nous évoque?
    - Quelle place donner à des sens moins utilisés comme l'odorat ?
    - Quels liens les sens, notamment l'odorat et le toucher, entretiennent-ils avec la mémoire ?