La visite de l'exposition s'est déroulée par petits groupes de 3 personnes, avec un guide voyant et 2 personnes sous bandeau ou avec des lunettes simulant une déficience visuelle.
Nous avions mis à disposition différents supports d'aide à la visite. Ces différents outils complémentaires ont été combinés avec la description en direct de l'installation, in situ et monumentale.
• la petite histoire de la Chapelle Saint-Jacques en gros caractères et braille
• une feuille de salle en gros caractères et braille présentant l'exposition avec des informations sur l'artiste et l'œuvre.
• un plan en relief : ce plan tactile a pour objectif la compréhension de l'espace d'exposition (les ouvertures, les lieux accessibles ou non, etc). Le plan de la chapelle a été pensé non pour faciliter la circulation mais pour permettre une idée globale de l'espace d'exposition.
• une maquette 3D : réalisée en carton, selon le plan de la chapelle St Jacques, elle matérialise l'entrée de la chapelle et l'œuvre dans l'espace d'exposition. Elle permet de comprendre comment circuler dans l'œuvre, mais aussi de percevoir les notions d'encombrement, de remplissage et la complexité de se mouvoir dans cette installation.
Au début, les guides mettent à disposition les supports d'aide à la visite pour une première appréhension de l'œuvre, de l'espace et de l'environnement général.
Dans un deuxième temps, les guides font découvrir l'exposition à travers une déambulation, la découverte tactile et une description spontanée de ce qu'ils perçoivent.
Les visiteurs arpentent, déambulent, cheminent… les mains glissent, tâtonnent, caressent, tapotent…l'exploration se fait. Cela prend du temps… l'oeuvre est un dédale dans lequel tout surprend.
L'espace est si encombré, aucune organisation n'est apparente… les objets entreposés ne représentent rien de connus… on hésite, on s'interroge…
Proposés en début de visite, les outils ont été appréciés par les visiteurs qui rappellent cependant l'importance de l'accompagnement à la lecture. L'outil peut difficilement être utilisé dans une visite autonome, il doit être accompagné d'un discours qui l'introduit et en permet une meilleure utilisation.
Le plan doit également être orienté sinon on ne s'y retrouver : il faut un repère.
La maquette, même avec une personne qui aide à la lecture, semble difficile à comprendre. Il est nécessaire de poser les intentions et les choix qui sont faits lors de la conception : cette maquette a été faite dans l'idée de montrer la hauteur du bâtiment et la proportion de l'œuvre dans ce bâtiment, il faut donc un repère pour montrer l'échelle (la taille humaine par exemple).
Le cheminement semble difficile pour les visiteurs qui se perdent dans les nombreux recoins. L'impression qui se dégage est celle d'un espace infini avec des dédales qui se succèdent. Les visiteurs ressentent également une sensation d'étrangeté car il semble difficile de recomposer mentalement un ensemble cohérent. Toucher ne se fait pas naturellement tant l'œuvre réserve des surprises, il faut que les guides autorisent ou mènent les personnes vers les objets pour qu'ils touchent les différents matériaux et formes. Les visiteurs mettent en exergue la place des sensations, l'accumulation des impressions tout au long du parcours.
Jessica, non–voyante, dit très enthousiaste « J'avais l'impression d'être dans un parc d'aventure. »
L'œuvre est monumentale : une grande partie n'est pas accessible au toucher du fait de l'encombrement ou de la hauteur, elle est donc difficile à imaginer, les visiteurs posent plus leur attention sur ce qu'ils peuvent toucher et la déambulation, c'est-à-dire ce qui permet des sensations directes. La singularité du lieu n'a pas été relevée. En effet l'espace étant particulièrement occupé, qui plus est par un matériau et des constructions qui stoppent la propagation du son, personne n'a évoqué l'idée de la grandeur, du fait de l'absence de résonance.